Bishop: l'escalade dans le paradis californien du bloc et du highball

Dites « Bishop » et les yeux de tous les amateurs de bloc s'illuminent. Situé à mi-chemin entre Camp IV et Red Rock, c'est certainement l'un des endroits les plus populaires pour pratiquer l'escalade en hiver, grâce à la beauté presque surréaliste du paysage et à la qualité exceptionnelle de ses blocs. Le climat californien, souvent caractérisé par un ciel clair et un taux d'humidité extrêmement bas, permet de grimper ici en plein hiver sans souffrir trop du froid. Dans une région au climat aussi favorable, la principale zone de bloc, la zone Buttermilk, ne pouvait que bénéficier d'une exposition parfaite, en plein soleil dès 8 heures du matin ; une bizarrerie pour ceux d'entre nous qui devons composer avec des expositions aussi problématiques et des journées aussi courtes que celles qui nous laissent juste le temps de nous échauffer, de faire deux bonnes rondes et de ramasser nos protections.

A Buttermilk Country aussi, nous pouvons trouver des surplombs très interessanntes 

Bishop – un nom, beaucoup des secteurs 

Bishop est en fait le nom d'une ville colorée qui fait référence aux différentes zones que cette région englobe. Calme, avec d'excellents bars et boulangeries, toutes sortes de magasins de montagne et l'omniprésent Starbuck's, c'est le point de départ idéal pour faire de l'escalade dans la région. Les supermarchés et les stations-service de la région vous permettront de faire le plein de provisions avant vos journées sur le rocher, avec des muffins à la citrouille, des cookies aux pépites de chocolat et de merveilleuses tartes aux pommes. Les nombreuses possibilités d'hébergement, généralement au centre du village, vous permettent de rejoindre la région de Buttermilk en quelques minutes de voiture, tout en restant un peu plus éloigné de zones telles que Happy Boulder et Sad Boulder, que nous vous recommandons de visiter de toute façon. 

Echauffement au soleil dans un endroit incroyable

Buttermilk Country: le plus classique des classiques

Généralement, les grimpeurs abordent l'escalade à Bishop dans la région superclassique de Buttermilk Country, où les fameux highballs rendus célèbres par des grimpeurs comme Nina Williams, Timmy Kang et Kevin Jorgenson s'élèvent au milieu d'un paysage de carte postale. En empruntant Buttermilk Road, un chemin de terre menant à la zone d'escalade, on ressent déjà l'immensité des blocs et le potentiel infini de ce site.

Depuis le parking principal, indiqué dans le guide près du secteur Roadside, il est possible d'apercevoir les Grand Ma et Grand Pa Peabodys, deux structures aux dimensions impressionnantes abritant certaines des lignes les plus audacieuses de Bishop : Evilution, Lucid Dreaming et Ambrosia sont quelques-uns des passages dont tout pratiquant de bloc a entendu parler au moins une fois dans sa vie !

Les secteurs se succèdent de manière totalement linéaire et homogène, ce qui permet de passer de Grandpa à Mandala, d'Iron Man, où l'on trouve une traversée 6c+ pratiquement parfaite et bien plus conforme à notre style d'escalade, au méga lancer de Fly Boy.

Dès que nous descendons de la voiture, nous ressentons l'envie irrépressible de tout essayer. Mais en réalité, le style d'escalade que nous trouvons sur le rocher de Buttermilk ne nous est pas très familier, à nous qui venons presque toujours du gneiss et du calcaire. Il nous faut quelques jours de plus pour nous y habituer. 

La patine lisse qui caractérise ce rocher remonte d'abord à son histoire géologique, puis au passage des grimpeurs qui ont fait de Buttermilk leur repère depuis les années 1940. L'escalade, souvent très technique et « confiante » pour les pieds, nécessite des nerfs solides, de la concentration et une bonne force aux doigts : la plupart des lignes se développent sur des parois verticales ou légèrement surplombantes, suivant parfois les arêtes plus évidentes des blocs et donnant lieu à un style de compression, avec des talons et des mouvements de poussée. 

Les blocs s'élèvent, comme par magie, sur un plateau parsemé de végétation basse et de prairies herbeuses (plus vertes au printemps). C'est ici que l'on trouve des arbustes bas habitués à de faibles précipitations, comme l'armoise, et qui ont ici leur habitat idéal. Ces arbustes, qui paraissent plutôt secs et arides en hiver, méritent toutefois toute notre attention : leur préservation est fondamentale pour protéger l'environnement délicat dans lequel nous avons tous le privilège de grimper. Il est donc absolument interdit de marcher en dehors des sentiers balisés, de placer des crashpads sur la végétation et de pénétrer dans les zones dont l'accès est interdit.

Le paysage dèsertique du Volcanic Tableland, Bishop

Buttermilks Oulying areas: Secrets of the Beehive Area et Brown Wall 

Si Buttermilk Main est une zone plutôt fréquentée, elle est toutefois si vaste que chacun peut y trouver son bloc pour « finir sa peau ». Les environs cachent cependant des zones encore plus sauvages et plus isolées, où il n'y a guère de monde. Le Beehive Area est l'une de ces merveilles ensoleillées et tranquilles : la marche d'environ vingt minutes vers les blocs les plus intéressants parvient à dissuader les grimpeurs déjà enthousiasmés par les possibilités infinies d'escalade dans les secteurs principaux de Buttermilk, où l'approche est pratiquement nulle.

Malgré cela, le secteur est magnifique et mérite le détour : la beauté des highballs emblématiques comme Too Big To Flail nous donne un aperçu différent de l'escalade de bloc lorsqu'on dépasse la barrière du « no falling from this hold up ». Heureusement, il y a aussi beaucoup d'autres passages plus accessibles, permettant à chacun de passer une journée à s'amuser et à profiter d'une atmosphère de folie étouffée par le silence.

Outre les lignes tout simplement parfaites et incroyablement difficiles, comme la légendaire The Swarm, il existe également dans cette zone de nombreux autres passages plus faciles, du moins sur le papier, et aux mouvements tout aussi esthétiques. Comme dans tout le secteur de Buttermilk Main, il faut toujours jeter un coup d'œil aux itinéraires de descente avant de s'aventurer sur des lignes de ce type.
Avec un peu de chance, vous pourrez même apercevoir la faune locale, surtout au moment du coucher du soleil.

Le profil inimitable du secteur de Grandpa Peabodys sur Buttermilk Main

Volcanic Tableland: Happy Boulder – surplombs pur plaisir

Du panorama à perte de vue de Buttermilk Country, où l'on ne distingue à l'horizon que les sommets enneigés des chaînes de montagnes qui entourent la région, on passe à un secteur que l'on perçoit comme plus « fermé », littéralement coincé à l'intérieur d'un canyon à la coupe franche et riche en possibilités d'escalade. 

Les passages ont été développés aussi bien sur les blocs tombés à l'intérieur du canyon que sur les parois elles-mêmes, qui sont presque toujours surplombantes ou légèrement surplombantes, avec des trous, des fissures et des fentes qui sont un rêve pour tous ceux qui aiment un style d'escalade moins « old school » que celui de Buttermilk.
Happy Boulder et Sad Boulder sont tous deux situés le long de canyons de roches rouges très travaillées, formant des toits, des arêtes, des conformations de trous et des dalles incroyablement sculptées.

Le plaisir est garanti ici, et le nombre de marches est si élevé que l'on peut y passer toutes ses vacances. Protégé de la pluie par les massifs des White Mountains d'un côté et de la Sierra Nevada de l'autre, ce canyon est particulièrement sec toute l'année. On y trouve donc un paysage particulièrement rocailleux et aride, dépourvu de végétation, avec des zones sablonneuses évoquant une certaine désertification. 

L'orientation du canyon, qui pointe droit vers le nord, permet d'avoir toujours un côté à l'ombre et un côté au soleil, de sorte que l'on peut choisir l'exposition qui convient le mieux en fonction des conditions et des températures de la journée. Vous y trouverez certainement plus de grimpeurs qu'au Secret de la Ruche : le style athlétique sur les surplombs, avec de bonnes prises, les traversées et les hauteurs de blocs, presque toujours plus faciles à gérer, font de cette destination une place populaire pour les grimpeurs de tous niveaux.

Cependant, les blocs particulièrement hauts ne manquent pas non plus, mais ils ont la particularité de présenter, dans la plupart des cas, des difficultés moindres, ce qui permet à chacun de se tester en sortant de sa « zone de confort ». La célèbre dalle de Heavenly Path, symbole de la région, représente magistralement la beauté de ces lignes « faciles ».

La particularité de Happy Boulders est qu'en grimpant le long des parois du canyon, vous aurez la possibilité de basculer au sommet du canyon lui-même, et d'embrasser du regard toute la beauté de cette énorme fissure parfaitement coupée en deux.  La roche que nous trouvons à Happy Boulders est un type de tuf : le grain est particulièrement serré et les trous destinés à recevoir des prises d'escalade contribuent à rendre vos journées d'escalade encore plus belles.

Les structures imposantes et parfaitement arrondies de Buttermilk Main

Quelques conseils logistiques

Les zones d'escalade de Buttermilk Country et des zones périphériques sont accessibles par des chemins de terre et des routes quelque peu accidentées, c'est pourquoi nous recommandons de louer une voiture capable d'affronter ce type de terrain sans problème. Comme le cuir va vite sur ce rocher, une excursion d'une journée dans la Vallée de la Mort est une excellente option pour passer une autre journée.

Fotografie di Claudia Colonia